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LE RÉGIME MODERNE


sion physique et continue de la peur universelle et surplombante, on vient à bout de toute résistance, soutenant et prolongeant la lutte avec des forces colossales, mais contre une force historique et naturelle, d’espèce supérieure, située au delà de ses prises, tout à l’heure contre la croyance qui se fonde sur l’instinct religieux et sur la tradition, maintenant contre l’évidence engendrée par la réalité des choses et par l’emploi du procédé probant ; par suite obligé d’interdire le procédé probant, de falsifier les choses, de défigurer la réalité, de nier l’évidence, de mentir tous les jours et chaque jour plus outrageusement[1], d’accumuler les actes criants pour

    français, était ami du médecin ; il le dénonça, craignant d’être dénoncé. » — Comte Chaptal, Mes souvenirs sur Napoléon, 379-381. Énumération des diverses polices qui se contrôlent et se complètent mutuellement. « Outre le ministre et le préfet de police, Napoléon avait trois directeurs généraux de police qui résidaient à Paris et avaient surveillance sur les départements ; … de plus, des commissaires généraux de police dans toutes les grandes villes et des commissaires spéciaux de police dans toutes les autres ; de plus, la gendarmerie, qui transmettait chaque jour à l’inspecteur général de Paris un bulletin de situation pour toutes les parties de la France ; de plus, les rapports de ses aides de camp et des généraux de sa garde, police supplémentaire, la plus dangereuse de toutes pour les personnes de la cour et les principaux agents de l’administration ; enfin, plusieurs polices spéciales pour lui rendre compte de ce qui se passait parmi les savants, les commerçants, les militaires. Toute cette correspondance lui arrivait à Moscou comme aux Tuileries. »

  1. Faber, Notices (1807), 35 : « Le mensonge, organisé par système, formant la base du gouvernement et consacré dans les actes publics,… l’abjuration de toute vérité, de toute conviction à soi, c’est le caractère que déploient les administrateurs en mettant en scène les actes, les sentiments et les pensées du gouvernement, qui se sert d’eux pour décorer les pièces qu’il