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L’ÉCOLE


et Jean-Jacques Rousseau, tous éveillés ou réveillés par le cri du besoin public et par l’occasion unique, avides de faire et de bien faire. En province[1] comme à Paris, on cherchait, on essayait, on tâtonnait ; il y avait de la place et des stimulants pour l’invention originale, sporadique et multiple, pour des écoles proportionnées et appropriées aux besoins différents et changeants, latines, mathématiques, ou mixtes, les unes de science théorique, les autres d’apprentissage pratique, celles-ci commerciales, celles-là industrielles, depuis le plus bas terre-à-terre de la préparation technique et rapide jusqu’aux plus hautes cimes de l’étude spéculative et prolongée.

Sur ce monde scolaire en voie de formation. Napoléon a plaqué son uniformité, l’appareil rigide de son Université, son cadre unique, étroit, inflexible, appliqué d’en haut, et l’on a vu par quelles contraintes, avec quelle insistance, quelle convergence de moyens, quelles interdictions, quelles taxes, quelle application du monopole universitaire, quelle hostilité systématique contre les établissements privés. — Dans les villes, et par force, ils deviennent des succursales du lycée et en répètent les classes : c’est ainsi que Sainte-Barbe à Paris peut subsister, et, jusqu’à l’abolition du monopole, les principaux établissements de Paris, Massin,

  1. Dans ma jeunesse, j’ai pu causer avec des témoins du Consulat ; ils portaient tous le même jugement. L’un d’eux, admirateur de Condillac et fondateur d’un pensionnat dans une ville du Nord, avait écrit pour ses élèves plusieurs petits traités élémentaires, que je possède encore.