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L’ÉCOLE


de jeunes gens. Tel est désormais, aux trois étages de l’enseignement supérieur, secondaire et primaire, le mot d’ordre transmis d’en haut.

En conséquence, de 1876 à 1890[1], rien qu’en bâtisses pour l’enseignement supérieur, l’État a dépensé 99 millions. Jadis les recettes des Facultés couvraient à peu près leurs dépenses ; aujourd’hui, en sus de leurs recettes, l’État leur alloue chaque année 6 millions et demi. Il y a fondé et il y défraye 221 chaires nouvelles, 168 cours complémentaires, 129 conférences, et, pour leur fournir des auditeurs, il entretient, depuis 1877, 300 boursiers qui se préparent à la licence, et, depuis 1881, 200 boursiers qui se préparent à l’agrégation. — Pareillement, dans l’enseignement secondaire, au lieu de 81 lycées en 1876, il en a 100 en 1887 ; au lieu de 3820 bourses en 1876, il en distribue, en 1887, 10 528 ; au lieu de 2 200 000 francs pour cet enseignement en 1857, il dépense 18 millions en 1889. — Par cette surcharge de l’instruction, tous les examens ont été surchargés : il fallait bien « mettre dans les grades » que l’État exige et confère « plus de science que par le passé ; c’est ce qu’on fit partout où il sembla nécessaire[2] ». Naturellement, et par contagion, l’obligation d’un savoir plus grand descendit de l’enseignement supérieur dans l’enseigne-

  1. Liard, Universités et Facultés, 39 et suivantes. — Rapport sur la statistique comparée de l’instruction, II (1888). — Exposition universelle de 1889 (Rapport du jury, groupe II, 1re partie, 492).
  2. Ib., 77.