Page:Taine - Les Origines de la France contemporaine, t. 7, 1904.pdf/197

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion
189
LE PROGRAMME JACOBIN


comme les souverains légitimes, la fidélité opiniâtre d’un peuple entier, engagé sur les pas de son chef par le prestige d’un droit héréditaire et par la pratique d’une obéissance ancienne. Au contraire, ils règnent d’hier et sont des intrus, installés d’abord par un coup d’État, puis par un simulacre d’élection, ayant extorqué ou escroqué les suffrages dont ils s’autorisent, si coutumiers de la fraude et de la violence que, dans leur propre assemblée, la minorité maîtresse a pris et gardé le pouvoir par la violence et par la fraude, qu’elle a dompté la majorité par l’émeute, qu’elle a dompté les départements par les armes, et que, pour donner à ses brutalités l’apparence du droit, elle improvise deux parades à grand orchestre, d’une part la fabrication subite d’une constitution de papier qu’elle envoie moisir dans ses archives, d’autre part la scandaleuse comédie d’un plébiscite forcé et faussé. — À la tête de la faction, une douzaine de meneurs concentrent dans leurs mains une autorité sans limites ; mais, de leur propre aveu, leur autorité est empruntée ; c’est la Convention qui les délègue ; leur titre précaire a besoin d’être renouvelé tous les mois ; un déplacement de la majorité peut les emporter, eux et leur œuvre ; une émeute de la populace, qu’ils ont accoutumée à l’émeute, peut les emporter, eux, leur œuvre et leur majorité. — Sur leurs propres adhérents,

    sont craints et personne n’ose les nommer ; à Fréjus, 9 exclusifs principaux qui passent tout leur temps au café. » — Berryat-Saint-Prix, la Justice révolutionnaire, 146. — Brutus Thierry, épicier, membre du comité révolutionnaire d’Angers, disait que, « dans Angers, il n’y avait pas soixante révolutionnaires ».