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LA STRUCTURE DE LA SOCIÉTÉ.


regardons quelques-uns de ses affluents. Les 399 Prémontrés estiment leur revenu à plus d’un million et leur capital à 45 millions. Le provincial des Dominicains de Toulouse accuse, pour ses 236 religieux, « plus de 200 000 livres de rentes de revenu net, non compris leurs couvents et leurs enclos, et, dans les colonies, des biens-fonds, des nègres et autres effets, évalués à plusieurs millions ». Les Bénédictins de Cluny, au nombre de 298, ont un revenu de 1 800 000 livres. Ceux de Saint-Maur, au nombre de 1672, estiment à 24 millions le mobilier de leurs églises et maisons, et à 8 millions leur revenu net, « sans compter ce qui retourne à MM. les abbés et prieurs commendataires », c’est-à-dire autant et peut-être davantage. Dom Rocourt, abbé de Clairvaux, a de 300 000 à 400 000 livres de rente ; le cardinal de Rohan, évêque de Strasbourg, plus d’un million[1]. Dans la Franche-Comté, l’Alsace et le Roussillon, le clergé possède la moitié des terres ; dans le Hainaut et l’Artois, les trois quarts ; dans le Cambrésis, 1400 charrues sur 1700[2]. Le Vélay presque entier appartient à l’évêque du Puy, à l’abbé de la Chaise-Dieu, au chapitre noble de Brioude et aux seigneurs de Polignac. Les chanoines de Saint-Claude, dans le Jura, sont propriétaires de 12 000 serfs ou

  1. Archives nationales, papiers du comité ecclésiastique, cartons 10, 11, 13, 25.

    Beugnot, Mémoires, I, 49, 79.

    Delbos, l’Église de France, I, 399.

    Duc de Lévis, Souvenirs et portraits, 156.

  2. Léonce de Lavergne, Économie rurale en France, 24. Périn, la Jeunesse de Robespierre (doléances des cahiers de l’Artois), 317.