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L’ÉCOLE


sans nom d’auteur et le fait enseigner dans ses écoles[1]. Vers la même date, défense de réimprimer le Traité d’économie politique de J.-B. Say, dont la première édition, publiée en 1804, a été vite épuisée[2]. En 1808, toutes les publications de statistique locale et générale, jadis provoquées et dirigées par Chaptal, sont interrompues et s’arrêtent ; Napoléon exige toujours qu’on lui fournisse des chiffres, mais il les garde pour lui ; divulgués, ils seraient incommodes, et désormais ils deviennent un secret d’État. À propos des livres de droit, même techniques, contre un Précis historique du droit romain, mêmes précautions et mêmes sévérités. « Cet ouvrage, dit la censure, pouvait donner lieu à comparer la marche de l’autorité sous Auguste avec ce qui s’est passé sous le règne de Napoléon, de manière à produire un mauvais effet sur l’opinion[3]. » En effet,

  1. Mignet, Notices et Portraits (Éloge de M. de Tracy).
  2. J.-B. Say, Traité d’économie politique, 2e édition, 1814 (Avertissement) : « La presse n’était plus libre : toute représentation exacte des choses devenait la censure d’un gouvernement fondé sur le mensonge. »
  3. Welschinger, 160 (25 janvier 1810). — Villemain, Souvenirs contemporains, I, 180. À partir de 1812, « il est d’une exactitude littérale de dire que toute émission de la pensée écrite, toute mention historique, même la plus lointaine et la plus étrangère, devint une chose aventureuse et suspecte ». — Life and Correspondance of sir John Malcolm, by Haye, II, 3 (Journal de sir John Malcolm, 4 août 1815, visite à Langlès, l’orientaliste, éditeur de Chardin, auquel il a ajouté des notes, dont une fausse sur la mission en Perse de sir John Malcolm). — « Il me dit d’abord qu’il avait suivi un autre auteur ; ensuite il s’excusa en alléguant le système de Bonaparte, dont les censeurs, dit-il, non seulement effaçaient certains passages, mais en ajoutaient d’autres qu’ils croyaient utiles à ses projets. »