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L’ÉCOLE


« l’an VIII. » Mais cette instruction ne sera saine que si, par une série de jugements préalables et convergents, elle insinue dans les esprits l’approbation finale et l’admiration fondée du régime présent ; il faut donc que l’historien « fasse sentir à chaque ligne » les défauts de l’ancien régime, « l’influence de la cour de Rome, des billets de confession, de la révocation de l’édit de Nantes, du ridicule mariage de Louis XIV avec Mme de Maintenon, etc., le désordre perpétuel des finances, les prétentions du Parlement, le manque de règle et de ressort dans l’administration,… de sorte que l’on respire en arrivant à l’époque où l’on a joui des bienfaits dus à l’unité des lois, d’administration et de territoire. » — « Il faut enfin que la faiblesse constante du gouvernement sous Louis XIV même, sous Louis XV et Louis XVI inspire le besoin de soutenir l’ouvrage nouvellement accompli et la prépondérance acquise. » Le 18 Brumaire, la France est entrée dans le port ; ne parlez de la Révolution que comme d’un orage final, fatal, inévitable[1]. « Lorsque cet ouvrage, bien fait et écrit dans une bonne direction, aura paru, personne n’aura la volonté et la patience d’en faire un autre, surtout lorsque, loin d’être encouragé par la police, on sera découragé par elle. »

  1. Merlet, Tableau, etc. « Il faut avoir soin d’éviter toute réaction en parlant de la Révolution ; aucun homme ne pouvait s’y opposer. Le blâme n’appartient ni à ceux qui ont péri, ni à ceux qui ont survécu. Il n’était pas de force individuelle capable de changer les éléments et de prévenir les événements qui naissaient de la nature des choses. »