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L’ÉCOLE


la tolérance, qu’ils prennent en main la machine scolaire de Napoléon pour la restaurer de leur mieux, pour l’agrandir, pour lui faire rendre, à leur profit et contre l’Église, tout ce qu’elle comporte d’effet, pour en user de toute leur force d’après les principes et les intentions de la Convention et du Directoire. Ainsi, la transaction acceptée par l’Église et par l’État n’est qu’une trêve provisoire ; demain elle sera rompue : le fatal préjugé français qui érige l’État en éducateur de la nation est toujours là ; après une détente partielle et courte, il va retrouver son ascendant et recommencer ses ravages. — Et d’autre part, même sous ce régime, plus libéral que le précédent, la liberté effective est très restreinte ; au lieu d’un monopole, il y en a deux. Entre les deux genres d’établissements, l’un, laïque, qui ressemble à une caserne, l’autre, ecclésiastique, qui ressemble à un séminaire ou à un couvent, les parents ont le choix, rien de plus. Ordinairement, lorsqu’ils préfèrent l’un, ce n’est point parce qu’ils le jugent bon, mais parce que, dans leur opinion, l’autre est pire, et il n’y en a point un troisième à leur portée, construit sur un type différent, ayant son esprit indépendant et particulier, capable de se conformer à leurs goûts et de s’accommoder à leurs besoins.

Dans les premières années du siècle, il y en avait, et par milliers, écoles secondaires de toute espèce et de tout degré, partout naissantes ou renaissantes, spontanées, locales, suscitées par l’entente des parents et des maîtres, par suite subordonnées à cette entente,