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L’ÉCOLE

IV

Considérons maintenant un autre effet, non moins pernicieux, de l’institution primitive. Au sortir du lycée, après la classe de philosophie, le système suppose que l’éducation générale est achevée ; il n’en propose pas une seconde, ultérieure et supérieure, celle des universités. À la place de ces universités encyclopédiques, dont l’objet est l’enseignement libre et l’avancement libre de la science, il met des écoles d’État, spéciales, séparées les unes des autres, chacune d’elles enfermée dans son compartiment distinct, chacune ayant pour but de créer, constater et proclamer une capacité pratique, chacune d’elles chargée de conduire pas à pas le jeune homme, à travers une série d’études et d’épreuves, jusqu’au titre ou diplôme final qui le qualifie pour sa profession, diplôme indispensable ou du moins très utile, puisque sans lui, dans beaucoup de cas, on n’a pas le droit d’exercer, et que, grâce à lui, dans tous les cas, on entre dans la carrière avec faveur et crédit, dans un bon rang, avec une notable avance. — À l’entrée de presque toutes les carrières dites libérales, un premier diplôme est exigé, celui de bachelier ès lettres ou de bachelier ès sciences, parfois l’un et l’autre, et l’acquisition de ce grade est maintenant pour toute la jeunesse française un grave souci, une préoccupation quotidienne et pénible. À cet effet, aux alentours de la seizième année, le jeune homme