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L’ÉCOLE


espère qu’un jour la compensation se fera, que plus tard il remboursera, et largement, capital et intérêts, toutes ces avances ; en d’autres termes, on escompte ses futurs services, et, à son endroit, on fait une spéculation à longue échéance. — Reste à savoir si la spéculation est bonne, si finalement la recette couvre la dépense, bref quel sera le rendement net et moyen de l’homme ainsi formé.

Or, parmi les valeurs consommées, il faut compter en première ligne le temps et l’attention de l’élève, la somme de ses efforts, telle quantité d’énergie mentale ; il n’en a qu’une provision limitée, et, non seulement la proportion que le système en consomme est excessive, mais encore l’application que le système en fait n’est pas rémunératrice. On épuise cette provision, et on l’épuise en l’employant à faux, presque sans profit. — Dans nos lycées, l’élève travaille assis plus de onze heures par jour ; dans tel collège ecclésiastique, c’est douze heures, et dès l’âge de douze ans, par besoin de primer dans les concours et d’obtenir aux examens le plus grand nombre d’admissions. — Au terme de cette éducation secondaire, s’échelonnent les épreuves successives, et d’abord le baccalauréat. Sur cent candidats inscrits, cinquante échouent, et les examinateurs sont indulgents[1]. Cela prouve d’abord que les refusés n’ont

  1. Bréal, Quelques mots, etc., 336 (Il cite M. Cournot, ancien recteur, inspecteur général, etc.) : « Les facultés savent qu’elles s’exposeraient à des avertissements de la part de l’autorité, à des comparaisons et à des désertions fâcheuses de la part des élèves, si la proportion entre les candidatures et les admissions