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II
AVANT-PROPOS


il allait pouvoir jeter un regard d’ensemble, l’apercevoir, non plus dans le détail de ses organes en voie de formation, mais dans toute sa vie actuelle, non plus isolée, mais baignant avec les autres sociétés occidentales dans le « milieu moderne », subissant les effets d’un événement général qui altère la condition intellectuelle et physique des hommes, et dissout les sentiments qui les groupaient autrefois, plus ou moins capable enfin de s’adapter aux nouvelles circonstances, et de s’organiser suivant le type qui convient pour traverser l’âge que nous voyons s’ouvrir devant nous.

De ce dernier volume, une partie seulement a été rédigée, celle qui concerne l’Église et l’École. C’est là que la Mort a soudain mis le trait final. À ce moment, par l’étude de « l’Association » et de la Famille », M. Taine allait achever son analyse des sociétés secondaires en France. — Pour tous ceux qui l’ont suivi jusque-là, il est déjà clair que le vice intime dont souffre notre société française, c’est l’émiettement des individus, isolés, diminués aux pieds de l’État trop puissant, rendus incapables par de lointaines causes historiques, et plus encore par la législation moderne, de « s’associer sponta-