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L’ÉGLISE


mais on lui commande de se démettre, et il donne sa démission, de force. Aussi, pour lui comme pour le préfet, le premier soin sera de ne pas déplaire, et le second sera de plaire. Être bien en cour auprès du ministre et auprès du souverain, cela lui est commandé, non seulement par son intérêt personnel, mais encore par l’intérêt catholique. Pour obtenir des bourses et demi-bourses aux élèves de son séminaire[1], pour y faire nommer, les professeurs et le directeur qui lui conviennent, pour faire agréer ses chanoines, ses curés de canton et ses ordinands, pour exempter les sous-diacres de la conscription, pour instituer et défrayer les succursales de son diocèse, pour rendre à ses paroisses pauvres le prêtre indispensable, le culte et les sacrements, il a besoin de grâces, et ces grâces, il ne les obtient qu’à condition d’affecter l’obéissance, le zèle, mieux encore le dévouement. Au reste, lui-même il est homme ; si Napoléon l’a choisi, c’est à bon escient, et le sachant tel, accessible aux motifs humains, point trop rigide, de conscience maniable ; aux yeux du maître, le premier titre a toujours été « la docilité présumée du caractère, l’attachement à son système et à sa personne[2] » ; de plus, il a tenu compte aux candidats des prises qu’ils lui donnaient sur eux, faiblesses, vanités et besoins, habitudes de représentation et de

  1. Décret du 30 septembre 1804 (avec la répartition des 800 bourses et des 1600 demi-bourses par séminaire diocésain). « Ces bourses et demi-bourses seront accordées par nous sur la présentation des évêques. »
  2. Comte d’Haussonville, III, 227.