Page:Taine - Les Origines de la France contemporaine, t. 11, 1904.djvu/91

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
68
LE RÉGIME MODERNE


ordinaires qu’il exerce dans la vieille enceinte des canons et de la coutume, un pouvoir extraordinaire qui n’est limité par aucune coutume, ni par aucun canon[1], une autorité plénière et absolue, un droit au-dessus de tous les droits, en vertu duquel, dans des cas qu’il détermine lui-même, il pourvoit d’une, façon discrétionnaire aux intérêts catholiques, dont il devient ainsi l’arbitre suprême, l’interprète unique et le juge en dernier ressort. Un précédent indestructible était posé ; dans l’édifice moderne de l’Église, c’était la grosse pierre d’angle et d’attente ; sur ce fondement définitif, les autres pierres allaient se superposer, une à une. En 1801, sous la pression de Napoléon régnant, Pie VII avait fait descendre de leurs sièges les prélats d’ancien régime, entachés d’origine monarchique et suspects de zèle pour les Bourbons détrônés. En 1816, sous la pression des Bourbons rétablis, le même Pie VII faisait descendre de son siège le cardinal-archevêque de Lyon, Fesch, oncle de Napoléon déchu[2]. Dans les

  1. Prælectiones juris canonici haabitæ in seminario Sancti Sulpitii, 1867 (par l’abbé Icart), I, 138. « Sancti canones passim memorant distinctionem duplicis potestatis quâ utitur sanctus pontifex : unam appellant ordinariam, aliam absolutam vel plenitudinem potestatis… Pontifex potestate ordinaria utitur, quando juris positivi dispositionem retinet Potestatem extraordinariam exserit, quando jus humanum non servat, ut si jus ipsum auferat, si legibus conciliorum deroget, privilegia acquisita immutet… Plenitudo potestatis nullis publici juris regulis est limitata. » — Ibid., I, 333.
  2. Bercastel et Henrion, XIII, 192. Le cardinal Fesch ayant été banni de France par la loi du 12 janvier 1816, « le pape ne regarda plus la personne du cardinal, mais son diocèse qu’il fallait sau-