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LA RÉVOLUTION


le roi, puis d’autres, de semaine en semaine, sans compter ceux qui pullulent dans la cervelle des journalistes et que Desmoulins, Fréron, Marat, révèlent à coups de trompette dans chacun de leurs numéros. « Toutes ces alarmes se crient tous les jours dans les rues, comme les choux et les navets, et le bon peuple de Paris les respire avec l’air méphitique de nos boues[1]. » Or, par ce côté comme par beaucoup d’autres, l’Assemblée est peuple ; persuadée qu’elle est en danger, elle fait ses lois comme il fait ses insurrections, et se garantit à coups de décrets comme il se garantit à coups de piques[2]. Faute d’avoir mis la main sur le ressort moteur qui lui permettrait de diriger la

  1. Archives de la Préfecture de police. Extrait des registres des délibérations du Comité général du district de Saint-Roch. 10 octobre 1789. — « Arrêté de prier MM. de la Commune de s’occuper avec toute la prudence, toute l’activité et toute la force dont ils sont capables, à découvrir, à dévoiler, à publier les complots horribles et les trahisons infernales qu’on ne cesse de méditer contre les habitants de la capitale, de dénoncer au public tous les auteurs, fauteurs et adhérents de semblables complots, de quelque rang qu’ils puissent être, de s’assurer de leurs personnes, de poursuivre leur punition avec toute la rigueur que méritent de semblables attentats. » — Tous les jours le commandant du bataillon et les capitaines du district viendront au Comité pour se concerter avec lui. — « Tant que dureront les alarmes, le premier étage de chaque maison sera éclairé par des lampions pendant la nuit, et tous les citoyens du district seront invités à être rentrés chez eux au plus tard à 10 heures du soir, à moins qu’ils ne soient de service… Tous les citoyens seront invités à faire part de tout ce qu’ils pourront apprendre ou découvrir relativement aux complots abominables qui se trament sourdement dans la capitale. »
  2. Lettre de M. de Guilhermy, 31 juillet 1790 (Actes des Apôtres, V, 56). « Pendant ces deux nuits (13 et 14 juillet 1789) que nous demeurâmes assemblés, j’ai entendu un député essayer de faire