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LA RÉVOLUTION


les branches mortes ou mourantes de l’arbre ecclésiastique[1]. Remaniement des constitutions primitives ; défense à tout institut d’avoir plus de deux couvents à Paris et plus d’un dans les autres villes ; recul des vœux, qui ne sont plus permis à l’âge de seize ans, mais sont reportés jusqu’à vingt et un ans pour les hommes et à dix-huit ans pour les filles ; un minimum de religieux obligatoire pour chaque maison ; ce minimum variable de quinze à neuf selon les cas ; s’il n’est pas atteint, suppression de la maison, ou défense d’y recevoir des novices : grâce à ces mesures rigoureusement exécutées, au bout de douze ans, « les Grammontins, les Servites, les Célestins, l’ancien ordre de Saint-Benoît, celui du Saint-Esprit de Montpellier, ceux de Sainte-Brigitte, de Sainte-Croix-de-la-Bretonnerie, de Saint-Ruff, de Saint-Antoine, » bref neuf congrégations entières avaient disparu. Au bout de vingt ans, 386 maisons avaient été supprimées ; le nombre des religieux avait diminué d’un tiers ; la plus grande partie des biens tombés en déshérence avait reçu un emploi utile ; les congrégations d’hommes manquaient de novices et se plaignaient de ne pouvoir combler leurs vides. — Si l’on trouvait les moines encore trop nombreux, trop riches et trop

  1. Ch. Gérin, Revue des Questions historiques (1er juillet 1875, 1er avril 1876). — L’abbé Guettée, Histoire de l’Église de France, XII, 128 (Procès-verbal de l’Assemblée du clergé en 1780). — Archives nationales, procès-verbaux et cahiers des États Généraux en 1789. Ce qui fait le plus de peine aux chefs d’ordre, c’est le recul de l’âge des vœux ; selon eux, cette mesure est la ruine de leurs instituts. — L’Ancien régime, t. I, 319.