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LA RÉVOLUTION


cela lui fournit des protecteurs très ardents, et, à défaut de la foi qu’ils n’ont pas, ils mettent la force qu’ils ont à son service. Contre l’évêque ou le curé insoumis, tout moyen leur est bon, non seulement la loi qu’ils aggravent par leurs interprétations forcées et par leur arbitraire illégal, mais encore l’émeute qu’ils lancent par leurs excitations ou qu’ils autorisent par leur tolérance[1]. — Il est expulsé de sa paroisse, consigné au chef-lieu, détenu en lieu sûr. Le directoire de l’Aisne le déclare perturbateur de l’ordre public, et lui défend, sous des peines graves, de conférer les sacrements. La municipalité de Cahors fait fermer les églises particulières et ordonne aux ecclésiastiques qui n’ont pas juré d’évacuer la ville dans les vingt-quatre heures. Le corps électoral du Lot les dénonce publiquement comme « des bêtes féroces », des incendiaires, des promoteurs de guerre civile. Le directoire du Bas-Rhin les interne à Strasbourg ou à quinze lieues de la frontière. À Saint-Pol-de-Léon, l’évêque est forcé de fuir. À Auch, l’archevêque est emprisonné ; à Lyon, M. de Boisboissel, grand vicaire, est enfermé à Pierre-Encize pour avoir gardé chez lui un mandement de son archevêque, et partout la brutalité se fait le ministre de l’intolérance. — Tel curé de l’Aisne

    (rappel d’une lettre du 7 janvier 1792). — Le District de Machecoul de 1788 à 1793, par Lallier. — Histoire de Joseph Lebon, par Paris. — Sauzay, tomes I et II, tout entiers.

  1. Mercure, 15 janvier, 23 avril, 16 et 30 mai, 1er  juin, 23 novembre 1791. — Le District de Machecoul, par Lallier, 173. — Sauzay, I, 295. — Lavirotte, Annales d’Arnay-le-Duc (5 février 1792). — Archives nationales, F7, 3223. Pétition de plusieurs habitants de Montpellier, 17 novembre 1791.