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L’ASSEMBLÉE CONSTITUANTE ET SON ŒUVRE


ce cas, la troupe requise comme eux restera immobile à leur exemple, et le magistrat municipal, entre les mains duquel l’épée aura glissé, ne pourra que mander douloureusement à ses supérieurs du district et du département les violences populaires dont il aura été l’inutile témoin. — En d’autres cas, et surtout dans les campagnes, sa condition est pire. Tambour en tête, la garde nationale vient le prendre à la maison commune, afin d’autoriser par sa présence et de légaliser par ses arrêtés les attentats qu’elle veut commettre. Il marche saisi au collet, et signe sous les baïonnettes. Cette fois, son instrument, non seulement s’est dérobé, mais s’est retourné ; au lieu d’en tenir la poignée, il en sent la pointe, et la force armée, dont il devrait se servir, se sert de lui.

IV

Voici donc le vrai souverain, l’électeur garde national et votant. C’est bien lui que la Constitution a voulu faire roi ; à tous les degrés de la hiérarchie, il est là, avec son suffrage pour déléguer l’autorité, et avec son fusil pour en assurer l’exercice. — Par son libre choix, il crée tous les pouvoirs locaux, intermédiaires et centraux, législatifs, administratifs, ecclésiastiques et judiciaires. Directement et dans les assemblées primaires, il nomme le maire, le corps municipal, le procureur et le conseil de la commune, le juge de paix et ses assesseurs, les électeurs du second degré. Indirectement et par ces électeurs élus, il nomme les administrateurs et procu-