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LA PREMIÈRE ÉTAPE DE LA CONQUÊTE


sections au moins s’abstiennent ou désapprouvent et n’envoient pas de délégués. — Peu importe, on se passera d’elles. À trois heures du matin, dix-neuf sections, à sept heures du matin vingt-quatre ou vingt-cinq sections[1] sont représentées tellement quellement à l’Hôtel de Ville, et cela fait un comité central : du moins, rien n’empêche les soixante-dix ou quatre-vingts intrigants et casse-cou subalternes, qui s’y sont faufilés ou poussés, de se dire les délégués légitimes, extraordinaires, plénipotentiaires de toute la population parisienne[2] et d’opérer en conséquence. — À peine installés, sous la présidence d’Huguenin, avec Tallien pour secrétaire, ils ont appelé à eux « vingt-cinq hommes armés par section », cinq cents gaillards solides qui leur serviront de gardes et d’exécuteurs. — Contre une pareille bande, le conseil municipal qui siège dans la salle voisine est bien faible : d’ailleurs ses membres les plus modérés et les plus fermes, éloignés à dessein, sont en mission à l’Assemblée, au château, dans les différents quartiers ;

  1. Mortimer-Ternaux, II, 240.
  2. Ib., 446. Tableau des commissaires qui ont siégé avant 9 heures du matin. — Remarquez que le Tableau général des commissaires des 48 sections qui ont composé le conseil général de la Commune de Paris le 10 août 1792, n’a été publié que trois ou quatre mois plus tard, et avec toutes les falsifications nécessaires. On le trouvera dans Buchez et Roux, XVI, 450. Relation de l’abbé Sicard : « Dans ce temps-là, une poignée de scélérats, quand la séance générale des sections était terminée, faisaient des arrêtés au nom de toute d’assemblée et les faisaient exécuter, sans qu’ils fussent connus de ceux qui les avaient faits et de ceux qui en étaient les malheureuses victimes. » (Avec pièces à l’appui.)