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LA SECONDE ÉTAPE DE LA CONQUÊTE


crets d’expulsion par le massacre ; il n’est plus question d’examiner leurs comptes ou de les contenir dans les limites de la loi. Leur dictature est incontestée, et leurs épurations continuent. En onze jours, quatre à cinq cents nouveaux prisonniers, arrêtés par l’ordre de la municipalité, des sections, d’un Jacobin quelconque, sont entassés dans les cellules encore tachées du sang répandu, et le bruit court que, le 20 septembre, les prisons seront vidées par un second massacre[1]. — Que la Convention, si elle veut, s’installe pompeusement en souveraine et fasse tourner la machine à décrets ; peu importe : régulier ou irrégulier, le gouvernement marchera toujours sous la main qui tient le sabre. Par la terreur improvisée, les Jacobins ont maintenu leur autorité illégale ; par la terreur prolongée, ils vont établir leur autorité légale. À l’Hôtel de Ville, dans les tribunaux, à la garde nationale, aux sections, dans les administrations, les suffrages contraints vont leur donner les places, et déjà ils ont fait élire à la Convention Marat, Danton, Fabre d’Églantine, Camille Desmoulins, Manuel, Billaud-Varennes, Panis, Sergent, Collot d’Herbois, Robespierre, Legendre, Osselin, Fréron, David, Robert, La Vicomterie, bref les instigateurs, les conducteurs, les complices du massacre[2]. Rien n’a été omis de

  1. Moniteur, XIII, 711, séance du 16 septembre. Lettre de Roland à l’Assemblée nationale. — Buchez et Roux, XVIII, 42. — Moniteur, XIII, 731, séance du 17 septembre. Discours de Pétion : « Hier, on parlait de se rendre de nouveau dans les prisons et notamment à la Conciergerie. »
  2. Archives nationales, CH, 58 à 76. Procès-verbaux de l’Assemblée électorale de Paris. — Robespierre est élu le premier (3 sep-