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LE PROGRAMME JACOBIN


pour eux, si la charge est onéreuse ou dangereuse, s’ils n’ont pas le loisir nécessaire, s’ils ne se sentent pas les aptitudes requises, si le grade ou la fonction leur semble un acheminement vers la prison ou la guillotine ; quand ils allégueront que l’emploi est une corvée, nous leur répondons qu’ils sont les corvéables de l’État. — Telle est désormais la condition de tous les Français et aussi de toutes les Françaises. Nous forçons les mères à mener leurs filles aux séances des sociétés populaires. Nous obligeons les femmes à parader et à défiler en groupes dans les fêtes républicaines ; nous allons prendre dans leurs maisons les plus belles pour les habiller en déesses antiques et pour les promener sur un char en public ; parfois même, nous en désignons de riches pour épouser des patriotes[1] : il n’y a pas de raison pour que le mariage, qui est le plus important des services, ne soit pas, comme les autres, mis en réquisition. — Aussi bien, nous entrons dans les

    pendant les premiers temps de la Révolution, avait été président de sa section en 1789 ; mais, après le 10 août, il s’était tenu coi. Le comité de la section des Amis de la Patrie, « considérant que le citoyen Girard… ne s’est montré que dans les temps où la cour et La Fayette dominaient les Sans-Culottes », que, « depuis la Révolution de l’égalité, il a privé de ses lumières ses concitoyens, ce qui est un crime en Révolution,… reconnaît ledit citoyen suspect à l’unanimité, et arrête qu’il sera conduit au Luxembourg ».

  1. Ludovic Sciout, Histoire de la Constitution civile du clergé, t. IV, 131, 135 (Arrêtés de Dartigoeyte et de Pinet). — Recueil de pièces authentiques servant à l’histoire de la Révolution à Strasbourg, t. I, 230 (Discours de Schneider à Barr, pour marier le patriote Funck). — Il paraît que Schneider faisait mieux encore, et pour son propre compte (Ib., 317).