Page:Taine - Les Origines de la France contemporaine, t. 7, 1904.pdf/12

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
4
LA RÉVOLUTION


modérés. — Caractère opposé des Jacobins. — VIII. Les dernières résistances locales. — Orthodoxie politique des villes insurgées. — Pour se soumettre, elles ne stipulent qu’une condition. — Raisons d’État pour l’accorder. — Raisons de parti pour la rejeter. — IX. Écrasement des cités rebelles. — Bordeaux. — Marseille. — Lyon. — Toulon. — X. Écrasement du parti girondin. — Proscription des députés du côté droit. — Emprisonnement des 73. — Exécution des 21. — Supplice, suicide ou fuite des autres. — XI. Institution du gouvernement révolutionnaire. — Son principe, son objet, ses procédés, ses instruments, son mécanisme. — Le Comité de Salut public. — Subordination de la Convention et du ministère. — Emploi du Comité de Sûreté générale et du Tribunal révolutionnaire. — Centralisation administrative. — Représentants en mission, agents nationaux et comités révolutionnaires. — Loi de lèse-majesté. — Restauration et aggravation des institutions de l’ancienne monarchie.

I

Jusqu’ici la faiblesse du gouvernement légal était extrême. Pendant quatre ans, quel qu’il fût, on lui a désobéi partout et sans cesse. Pendant quatre ans, quel qu’il fût, il n’a point osé se faire obéir de force. Recrutés dans la classe cultivée et polie, les gouvernants apportaient au pouvoir les préjugés et la sensibilité du siècle : sous l’empire du dogme régnant, ils déféraient aux volontés de la multitude, et, croyant trop aux droits de l’homme, ils croyaient trop peu aux droits du magistrat ; d’ailleurs, par humanité, ils avaient horreur du sang, et, ne voulant pas réprimer, ils se laissaient contraindre. C’est ainsi que, du 1er  mai 1789 au 2 juin 1793, ils ont légiféré ou administré, à travers des milliers d’émeutes presque toutes impunies, et leur Constitution, œuvre malsaine de la théorie et de la peur, n’a fait que