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LA RÉVOLUTION


sonnés en tas, exécutés en masse, à tout le moins expulsés de Paris, des ports et des villes fortes, internés, obligés chaque jour de se présenter à la municipalité, privés des droits politiques, exclus des fonctions publiques, « des sociétés populaires, des comités de surveillance, des assemblées de commune et de section[1] ». Encore sommes-nous indulgents ; puisqu’ils sont notés d’infamie, nous devrions les assimiler aux galériens et les embrigader pour les faire travailler aux routes[2]. « La justice condamne les ennemis du peuple et les partisans de la tyrannie parmi nous à un esclavage éternel[3]. »

Mais cela ne suffit pas ; car, outre l’aristocratie de rang, il en est d’autres auxquelles l’Assemblée Constituante n’a pas touché[4], notamment l’aristocratie de fortune. —

  1. Buchez et Roux, XXXII, 323 (Rapport de Saint-Just, 26 germinal an II, et décret du 26-29 germinal, articles 4, 13, 15). — Ib., 315.
  2. Ib., XXIX, 166 (Rapport de Saint-Just, 10 octobre 1793). « Ce serait le seul bien qu’ils auraient fait à la patrie… Il serait juste que le peuple régnât à son tour sur ses oppresseurs, et que la sueur baignât l’orgueil de leur front. »
  3. Ib., XXXI, 309 (Rapport de Saint-Just, 8 ventôse an II).
  4. Ib., XXVI, 435 (Discours de Robespierre sur la Constitution, 10 mai 1793). « Qu’étaient nos usages et nos prétendues lois, sinon le code de l’impertinence et de la bassesse, où le mépris des hommes était soumis à une espèce de tarif et gradué suivant des règles aussi bizarres que multipliées ? Mépriser et être méprisé, ramper pour dominer, esclaves et tyrans tour à tour, tantôt à genoux devant un maître, tantôt foulant aux pieds le peuple, telle était notre ambition à tous tant que nous étions, hommes bien nés ou hommes bien élevés, gens du commun ou gens comme il faut, hommes de lois ou, robins ou hommes d’épée. » — Archives nationales, F7 31167 (Rapport de l’observateur Charmont, 10 nivôse an II). « L’effigie de Boileau, qui était