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LA RÉVOLUTION


imposent aux riches l’obligation « de loger, nourrir et vêtir tous les citoyens infirmes, vieillards, indigents, orphelins de leurs cantons respectifs[1] ». Par le décret sur l’accaparement et par l’établissement du maximum, nous mettons à la portée des pauvres tous les objets de nécessité première. Nous les payons 40 sous par jour pour assister aux assemblées de section, et 3 francs par jour pour être membres des comités de surveillance. Nous recrutons parmi eux l’armée révolutionnaire[2] ; nous choisissons parmi eux les innombrables gardiens des séquestres : de cette façon, les sans-culottes, par centaines de mille, entrent dans les services publics. — Enfin, voici les misérables tirés de la misère : chacun d’eux aura maintenant son champ, son traitement, ou sa pension ; « dans une république bien ordonnée, personne n’est sans quelque propriété[3] ». Désormais, entre les particuliers, la différence de bien-être sera petite ; du maximum au minimum, il n’y aura qu’un degré, et l’on trouvera dans toutes les maisons à peu près le même ménage, un ménage réduit et simple,

  1. Moniteur, XVIII, 505 (Arrêté de Fouché et Collot d’Herbois, daté de Lyon et communiqué à la Commune de Paris, 3 frimaire an II). — Comte de Martel, Étude sur Fouché, 132. Arrêté de Fouché en mission dans la Nièvre, 19 septembre 1793. « Il sera établi dans chaque chef-lieu de district un comité philanthropique, qui est autorisé à lever sur les riches une taxe proportionnée au nombre des indigents. »
  2. Décret du 2-5 avril 1793. « Il sera formé dans chaque grande commune une garde de citoyens choisis parmi les moins fortunés. Ces citoyens seront armés et salariés aux frais de la République. »
  3. Moniteur, XX, 449 (Rapport de Barère, 22 floréal an II).