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LE PROGRAMME JACOBIN


Nous ne souffrirons pas ce brigandage légal. Puisque « l’agriculture[1] n’a rien fait pour la liberté et n’a cherché qu’à grossir ses profits », nous la mettrons en surveillance et, s’il le faut, en régie. Puisque « le commerce est devenu une espèce de tyran avare », puisqu’il « s’est paralysé lui-même », et que, « par une sorte de dépit contre-révolutionnaire, il a négligé la fabrication, la manipulation et l’envoi des diverses matières », nous déjouerons « les calculs de sa barbare arithmétique, nous le purgerons du levain aristocratique et corrupteur qui le tourmente ». Nous faisons de l’accaparement « un crime capital[2] » ; nous appelons accapareur « celui qui dérobe à la circulation des marchandises ou denrées de première nécessité » et « les tient enfermées dans un lieu quelconque, sans les mettre en vente journellement et publiquement ». Peine de mort contre lui si, dans la huitaine, il n’a pas fait sa déclaration ou s’il a fait une déclaration fausse. Peine de mort pour le particulier qui garde chez lui plus de pain qu’il n’en faut pour sa subsistance[3]. Peine

    devint pâle et ajouta : « Mon civisme est à toute épreuve… Mais prends donc la citrouille. » — « Ah ! te voilà bonne républicaine », dit le mendiant. »

  1. Moniteur, XVIII, 320 (séance du 11 brumaire an II, Rapport de Barère). — Meillan, 17. Déjà, avant le 31 mai, « la tribune ne retentissait que du reproche d’accaparement, et tout homme était accapareur qui n’était pas réduit à vivre de sa journée ou d’aumône. »
  2. Décrets du 26 juillet, du 11 et du 29 septembre 1793, du 11 brumaire et du 6 ventôse an II.
  3. Moniteur, XVIII, 359. « Du 16 brumaire an II, condamnation à mort de Pierre Gondier, âgé de trente-six ans, agent de change, demeurant à Paris, rue Bellefond, convaincu d’avoir