il le fait passablement, quand il donne ses heures de bureau. Que ses écritures soient correctes, conformes aux règlements et à la tradition, on n’a plus rien à lui demander ; il n’a pas besoin de chercher au delà, de se tourmenter la cervelle. S’il imagine une économie ou une amélioration, ce n’est pas lui qui en profitera, mais le public, être anonyme et vague. D’ailleurs, à quoi bon, puisque l’invention ou la réforme n’aboutiraient qu’à un rapport, et que ce rapport irait dormir dans un carton ? La machine est trop vaste et trop compliquée, trop raide, trop alourdie de rouages rouillés, « de droits anciens et de situations acquises » pour être reconstituée à neuf et à volonté, comme une ferme, un magasin, une usine. Aussi bien, se garde-t-il d’y dévouer ses facultés ; il n’y songe plus après qu’il a quitté son bureau ; il la laisse marcher de son train automatique, faire tellement quellement, avec une assez grosse dépense et un assez médiocre produit, sa besogne routinière. Même en un pays probe comme la France, on a calculé qu’une entreprise, si elle est conduite par l’État, coûte un quart de plus et rapporte un quart de moins que si elle est conduite par un particulier. Partant, si l’on retirait le travail aux particuliers pour en charger l’État, il y aurait, en fin de compte, pour la communauté, moitié de perte.
Or cela est vrai de tout travail, spirituel ou matériel, non seulement des œuvres d’agriculture, d’industrie et de négoce, mais encore des œuvres de science et d’art, de littérature et de philosophie, de charité, d’éducation