Page:Taine - Les Origines de la France contemporaine, t. 7, 1904.pdf/20

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
12
LA RÉVOLUTION


et aux administrations de département et de district, elles sont renouvelées tous les ans par moitié. Ainsi, chaque année, au 1er  mai, la source de l’autorité recommence à couler, et, dans ses assemblées primaires spontanément formées, le peuple maintient ou change à son gré son personnel de commis. — En troisième lieu, même lorsque les commis sont installés et en fonctions, le peuple peut, s’il lui plaît, devenir leur collaborateur ; on lui a fourni les moyens de « délibérer » avec ses députés. Sur les questions d’opportunité et de médiocre importance, sur les affaires de l’année, ceux-ci décrètent ; mais, pour les objets d’intérêt général, considérable et permanent, ils ne font que proposer, et notamment s’il s’agit de déclarer la guerre, la décision est réservée au peuple. Il a son veto suspensif, puis définitif, et il en use comme cela lui convient. À cet effet, de lui-même, il se réunit extraordinairement en assemblées primaires, et, pour qu’une de ces assemblées se forme, il suffit que le cinquième des citoyens qui ont le droit d’y voter en réclame la convocation. Une fois convoquée, celle-ci vote par oui ou par non sur le projet du Corps législatif. Si, au bout de quarante jours, dans la moitié des départements plus un, le dixième des assemblées primaires a dit non, il y a veto suspensif. Alors toutes les assemblées primaires de la République sont convoquées, et, si la majorité des assemblées primaires dit encore non, il y a veto définitif. Même procédure pour réformer la Constitution établie. — En tout ceci, le plan des Montagnards enchérit encore sur celui des