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LA RÉVOLUTION


villes et de la campagne, ouvriers sans ouvrage, traîneurs de rues qui couchez sous les ponts, rôdeurs de grands chemins, mendiants sans feu ni lieu, va-nu-pieds en loques, porteurs de besaces, porteurs de bâtons, et venez prendre à la gorge vos infidèles mandataires. — Au 14 juillet, aux 5 et 6 octobre, « le peuple avait le droit, non seulement d’exécuter quelques-uns des conspirateurs, mais celui de les immoler tous, de passer au fil de l’épée le corps entier des satellites royaux conjurés pour nous perdre, et la tourbe innombrable des traîtres à la patrie, quel que fût leur état et leur degré[1] ». N’allez jamais à l’Assemblée « sans avoir vos poches pleines de cailloux destinés à lapider les scélérats qui ont l’impudence de prêcher les maximes » monarchiques ; « je ne vous recommande d’autre précaution que celle de crier gare aux voisins[2] ». — « Ce n’est pas la retraite des ministres, c’est leurs têtes qu’il nous faut, c’est celle de tous les ministériels de l’Assemblée, c’est celle de votre maire, de votre général, de presque tout l’état-major, de la plupart des municipaux ; c’est celle des principaux agents du pouvoir exécutif dans le royaume. » — À quoi bon des demi-mesures, comme le sac de l’hôtel de Castries[3] ? « Que vos vengeances soient raisonnées. La mort, la mort, voilà quelle doit être la punition des traîtres acharnés à vous perdre ; c’est la seule qui les glace d’effroi… Imitez donc l’exemple de vos implacables ennemis,

  1. L’Ami du Peuple, nos 108, 111 (20-23 mai 1790).
  2. Ib., n° 258 (n° du 22 oct. 1790).
  3. Ib., n° 286 (20 nov. 1790).