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LE GOUVERNEMENT RÉVOLUTIONNAIRE


« et intelligible voix » ; ils sont tenus de crier à l’unisson, de signer l’adresse emphatique par laquelle la jacobinière de l’endroit témoigne à la Convention sa reconnaissance, et de donner leur voix au patriote marquant que l’assemblée primaire désigne pour porter son procès-verbal à Paris[1].

IV

Le premier acte de la comédie est terminé, et le second commence. — Ce n’est point sans objet que la faction a convoqué à Paris les délégués des assemblées primaires ; comme les assemblées primaires, ils doivent être pour elle des outils de gouvernement, des suppôts de dictature, et il s’agit maintenant de les réduire à cet emploi. — À la vérité, il n’est pas sûr que tous consentent à s’y prêter. Car, parmi les sept mille commissaires, quelques-uns, nommés par des assemblées récalcitrantes, apportent, au lieu d’une adhésion, un refus[2] ; d’autres, plus nombreux[3], sont chargés de présenter des objec-

  1. Moniteur, XVII, 11 (Instruction sur le mode d’acceptation de la Constitution). — Ib., 302 (Discours de Garat, 2 août), « J’ai envoyé des commissaires pour faire prospérer l’acte constitutionnel dans les assemblées primaires. » — Ib., XXIV, 89 (séance du 8 germinal an III). Discours de Pénières : « Lorsqu’on appela les envoyés des assemblées primaires, on ne voulait point d’hommes éclairés, ou voulait des gens dont on pût disposer. » — Durand de Maillane, Mémoires, 150. « Les envoyés des assemblées primaires avaient été pris dans la sans-culotterie alors très en vogue, parce qu’elle dominait dans la Convention. »
  2. Sauzay, IV, 158.
  3. Moniteur, XVII, 363 (Rapport de Gossuin, 9 août). « Il est des assemblées primaires qui ont étendu leurs délibérations au delà de l’acceptation de la Constitution. » — Ib., 333 (Discours