Page:Taine - Les Origines de la France contemporaine, t. 7, 1904.pdf/280

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
272
LA RÉVOLUTION


« pas moi, dira-t-il plus tard ; depuis plus de six semaines, l’impuissance de faire le bien et d’arrêter le mal m’a forcé à abandonner absolument mes fonctions de membre du Comité de Salut public[1]. » Perdre ses adversaires avec les meurtres que l’on commet, qu’on leur fait commettre et qu’on leur impute, du même coup de pinceau se blanchir et les noircir, quelle volupté ! Si tout bas, par instants, la conscience naturelle essaye de murmurer, la conscience acquise et superposée intervient aussitôt pour lui imposer silence et pour déguiser sa rancune privée sous des prétextes publics : après tout, les gens guillotinés étaient des aristocrates, et les gens à guillotiner sont des hommes immoraux ; ainsi le moyen est bon, et le but meilleur ; en usant du moyen, comme en poursuivant le but, on exerce un sacerdoce. — Tel est le décor de la Révolution, un masque spécieux, et tel est le dessous de la Révolution, une face hideuse ; sous le règne nominal d’une théorie humanitaire, elle couvre la dictature effective des passions méchantes et basses ; dans son vrai représentant, comme en elle-même, on voit partout la férocité percer à travers la philanthropie et, du cuistre, sortir le bourreau.

    main de Robespierre, approuvé, puis la signature de Robespierre, puis, plus bas, les signatures de Billaud et de Barère. — Même arrêté régularisé le 7 messidor, signé par les mêmes et par cinq autres, et expédié le même jour. (Cette pièce décisive avait été lue, et citée en grande partie par M. de Martel, dans ses Types révolutionnaires, 57.)

  1. Buchez et Roux, XXXIII, 434.