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LES GOUVERNANTS


« culottes, tant de la garnison que de la commune », Duquesnoy « arrête qu’il sera imposé sur la commune de Metz une taxe de 40 000 livres, à prélever sur la fortune des riches et à distribuer aux pauvres dans la décade[1]. » — « Fais-moi f… dedans tous ces b…-là[2], » « quatre j…-f… à raccourcir[3] ! » À Arras, comme à Metz, le butor a toujours des gestes de tape-dur et de boucher.

D’autres ont des gestes de luron et de goujat : tel André Dumont, ancien procureur de village, maintenant roi de la Picardie et sultan d’occasion, « figure de nègre blanc », parfois jovial, mais à l’ordinaire rudement et durement cynique, qui manie ses prisonnières ou suppliantes comme dans une kermesse[4]. — Un matin, dans son anti-

    unanimes prouvent au contraire que des personnes de toute condition sont venues au secours ; c’est pourquoi l’incendie a été éteint presque tout de suite.

  1. Archives nationales, ib. La Société populaire, à l’unanimité, atteste tous ces faits, et envoie six délégués pour protester auprès de la Convention. Jusqu’au 9 thermidor, elle n’obtient rien, et la taxe imposée par Duquesnoy est perçue. — Le 5 fructidor an II, l’arrêté de Duquesnoy est annulé par le Comité de Salut public, mais l’argent perçu n’est pas restitué.
  2. Paris, I, 370 (paroles de Duquesnoy à Lebon).
  3. Carnot, Mémoires, I, 414 (lettre de Duquesnoy au bureau central des représentants à Arras).
  4. Un séjour en France, 158, 171. — Journal manuscrit de Mallet du Pan (janvier 1795). — Cf. ses lettres à la Convention, ses gaietés de sbire et de geôlier, par exemple (Moniteur, XVIII, 214, 1er brumaire an II, et 340, lettre du 14 brumaire). — Lacretelle, Dix années d’épreuves, 178. « Il voulait que l’on dansât dans tout son fief de Picardie ; on dansait jusque dans les prisons ; on était suspect si l’on ne dansait pas. Il tenait à l’observance rigide des fêtes de la Raison, et il fallait que, tous les décadis, on se rendit au temple de la déesse ; c’était la cathédrale (à Noyon). Les dames, les bourgeoises, les couturières et les cuisi-