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LA RÉVOLUTION


vention l’a ordonné. — Dès lors la cause girondine est perdue ; quelques coups de canon, à Vernon et Avignon, dispersent les deux seules colonnes armées qui se soient mises en marche. Dans chaque département, les Jacobins, encouragés par les représentants en mission, relèvent la tête ; partout le club de l’endroit enjoint aux administrations de se soumettre ; partout les administrations rapportent leurs arrêtés[1], s’excusent et demandent pardon. À mesure qu’un département se rétracte, les autres, intimidés par sa désertion, sont plus disposés à se rétracter. Le 9 juillet, on en compte déjà quarante-neuf qui se rallient. Plusieurs déclarent que les écailles leur sont tombées des yeux, approuvent les décrets du 31 mai et du 2 juin, et pourvoient à leur sûreté en témoignant du zèle. L’administration du Calvados signifie aux fédérés bretons « qu’ayant accepté la Constitution, elle ne peut plus les tolérer dans la ville de Caen » ; elle les renvoie dans leurs foyers, elle fait secrètement sa paix avec la Montagne, elle n’en prévient les députés, qui sont ses hôtes, que trois jours après, et

  1. Sauzay, IV, 268. — Paul Thibaut, 50. — Marcelin Boudet, 185. — Moniteur, XVII, 102 (Discours de Cambon, 11 juillet). — Archives nationales, AF, II, 46 (Extrait des registres du Conseil de département de la Loire-Inférieure, 14 juillet). Le département proteste que son arrêté du 5 juillet n’était pas une scission « avec la Convention, une rébellion ouverte contre les lois de l’État, ce qui était bien éloigné des sentiments et de l’intention de l’assemblée et des citoyens présents ». À présent, « le plan d’une Constitution est offert à l’acceptation du souverain : cette heureuse circonstance devant rapprocher les opinions et appelant le peuple à émettre un vœu, hâtons-nous de saisir ce moyen de salut qui nous est présenté ».