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LA RÉVOLUTION


leurs noms mêmes rayés de la mémoire des hommes[1]. — « Le nom de Toulon sera supprimé ; cette commune portera désormais le nom de Port-la-Montagne. » — Le nom de Lyon sera effacé du tableau des villes de la République ; la réunion des maisons conservées portera désormais le nom de Ville-Affranchie. Il sera élevé sur les ruines de Lyon une colonne…, avec cette inscription ; Lyon fit la guerre à la liberté. Lyon n’est plus. »

X

Ce n’est pas pour épargner à Paris les chefs de l’insurrection ou du parti, députés, généraux ou ministres ; au contraire, il importe d’achever l’assujettissement de la Convention, d’étouffer les murmures du côté droit, d’imposer silence à Ducos, à Boyer-Fonfrède, à Vernier, à Couhey, qui parlent et protestent encore[2]. C’est pourquoi, chaque semaine, des décrets d’arrestation ou de

  1. Décrets du 12 octobre et du 24 décembre. — Archives nationales. », AF, II, 44. Les représentants en mission avaient voulu effacer aussi le nom de Marseille (Arrêté de Fréron, Barras, Ricord et Saliceti, 17 nivôse an II). « Le nom de Marseille, que porte encore cette cité criminelle, sera changé. La Convention nationale sera invitée à lui en donner un autre. Provisoirement, elle restera sans nom, et portera cette dénomination. » — Effectivement, dans plusieurs pièces ultérieures, Marseille est appelée Commune sans nom.
  2. Buchez et Roux, XXVIII, 204 (séance du 24 juin) : « De violents murmures se font entendre dans la partie droite. » — Legendre : « Je demande que le premier rebelle, que le premier de ces révoltés (en désignant la partie droite), qui interrompra l’orateur, soit envoyé à l’Abbaye. » Effectivement, Couhey fut envoyé à l’Abbaye pour avoir applaudi une adresse fédéraliste. — Cf. sur ces trois mois, Mortimer-Ternaux, t. VIII.