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LA RÉVOLUTION


gués de bas en haut, pour être délégués de haut en bas.

Au sommet, un comité de douze membres, semblable à l’ancien Conseil du Roi, exerce la royauté collective. De nom, l’autorité est également répartie entre les douze ; de fait, elle se concentre en quelques mains. Plusieurs n’ont qu’un office subalterne, entre autres Barère, harangueur ou rédacteur toujours prêt, secrétaire ou porte-parole officiel ; d’autres, hommes spéciaux, Jeanbon-Saint-André, Lindet, surtout Prieur de la Côte-d’Or et Carnot, se cantonnent chacun dans son département spécial, marine, guerre, approvisionnements, avec un blanc-seing, en échange duquel ils livrent leur signature aux meneurs politiques. Ceux-ci, qu’on appelle « les hommes d’État », Robespierre, Couthon, Saint-Just, Billaud-Varennes, Collot d’Herbois, sont les vrais souverains et donnent la direction d’ensemble. À la vérité, leur mandat doit être renouvelé chaque mois ; mais il ne peut manquer de l’être : en l’état où est la Convention, son vote, acquis d’avance, est une formalité presque vaine. Plus soumise que le Parlement de Louis XIV, elle adopte sans discussion les décrets que le Comité de Salut public lui apporte tout faits ; elle n’est qu’une chambre d’enregistrement, moins que cela : car elle a renoncé au droit de composer elle-même ses propres comités intérieurs ; elle a chargé de ce soin le Comité de Salut public, et vote en bloc les listes de noms qu’il lui fournit[1]. Naturellement,

  1. Mortimer-Ternaux, VIII, 40 (Décret rendu sur la proposition de Danton, 13 septembre). Le motif allégué par Danton est « qu’il