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LE GOUVERNEMENT RÉVOLUTIONNAIRE


mander sur place, il nomme des hommes à lui, d’abord des commissaires et représentants en mission, sorte d’intendants temporaires qu’il envoie dans chaque département avec des pouvoirs sans limites[1], ensuite des agents nationaux, sortes de subdélégués permanents, par lesquels, auprès de chaque district ou municipalité, il remplace les procureurs-syndics[2]. — À cette armée de fonctionnaires, joignez, dans chaque ville, bourg ou gros village, un comité révolutionnaire, payé trois francs ou cinq francs par membre et par jour, chargé d’appliquer ses arrêtés et tenu de lui rendre compte : jamais filet si universel et si serré n’a été lancé d’en haut pour envelopper et maintenir captifs vingt-six millions d’hommes. — Telle est la Constitution de fait que les Jacobins substituent à leur Constitution d’apparat. Dans l’arsenal de la monarchie qu’ils ont

  1. Moniteur, 520 (Rapport de Barère, 5 frimaire an II, et décret conforme). « Les représentants envoyés en mission sont tenus de se conformer exactement aux arrêtés du Comité de Salut public. Les généraux et autres agents du pouvoir exécutif ne pourront s’autoriser d’aucun ordre particulier pour se refuser à l’exécution desdits arrêtés. » — Moniteur, XVIII, 291 (Rapport de Barère, 29 octobre 1793). — À cette date, 140 représentants sont en mission.
  2. Archives nationales, AF, II, 22 (papiers du Comité de Salut public, note sur les résultats du gouvernement révolutionnaire, sans date ni signature). « La loi du 14 frimaire créa deux centres impulsifs qui devaient puiser l’action au sein du Comité (de Salut public), et la reverser sur les autres autorités. Ces deux pivots du gouvernement révolutionnaire, à l’extérieur du Comité, étaient les représentants en mission et les agents nationaux près les comités de district. Le mot seul gouvernement révolutionnaire a exercé une influence magique, incalculable. » — Mallet du Pan, Mémoires, II, 2 et suivantes.


  la révolution. v.
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