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LA RÉVOLUTION


se croit pure ; ses rigueurs finales ont expié ses lâchetés anciennes, et, dans le sang coupable qu’elle verse, elle se lave du sang innocent qu’elle a versé.

Par malheur, en condamnant les Terroristes, c’est elle-même qu’elle condamne, car elle a autorisé et sanctionné tous leurs crimes. Sur ses bancs et dans ses comités, parfois au fauteuil de la présidence et à la tête de la coterie dirigeante, figurent encore plusieurs membres du gouvernement révolutionnaire, nombre de francs Terroristes comme Bourdon de l’Oise, Delmas, Bentabole et Reubell ; des présidents de la Commune de septembre comme Marie-Joseph Chénier ; des exécutants du 31 mai comme Legendre ; l’auteur du décret qui a fait en France six cent mille suspects, Merlin de Douai ; des bourreaux de la province, et les plus brutaux, les plus féroces, les plus voleurs, les plus cyniques, André Dumont, Fréron, Tallien, Barras. Eux-mêmes les quatre cents muets « du ventre » ont été, sous Robespierre, les rapporteurs, les votants, les claqueurs, les agents des pires décrets contre la religion, la propriété et les personnes. Tous les fondements de la Terreur ont été posés par les soixante-treize reclus avant leur réclusion et par les seize pro-

    d’arrestation. — Décret du 14 germinal : même mesure contre neuf autres Montagnards. — Décret du 29 germinal : même mesure contre Maribon-Montaut. — Décret du 6 prairial : vingt-neuf Montagnards sont mis en accusation. — Décret du 8 prairial : six Montagnards sont mis en état d’arrestation. — Décret du 9 prairial : neuf membres des anciens comités sont mis en état d’arrestation. — Du 10 prairial au 22 thermidor an III, six Montagnards sont condamnés à mort, un à la déportation, vingt sont mis en état d’arrestation.