LE CONNÉTABLE DE MONTMORENCY.
Le dernier connétable de Montmorency[1] n’étoit pas un grand personnage ; on l’accusoit d’être fort brutal : à peine savoit-il lire. Sa plus belle qualité étoit d’être à cheval aussi bien qu’homme du monde ; il tenoit un teston[2] sur l’étrier sous son pied, et travailloit un cheval, tant il étoit ferme d’assiette, sans que le teston tombât ; et en ce temps-là le dessous de l’étrier n’étoit qu’une petite barre large d’un travers de doigt. Il aimoit extrêmement les chevaux, et dès qu’un cheval étoit à lui, il ne changeoit plus de maître, et, n’eût-il eu que trois jambes, on le nourrissoit dans une infirmerie qui étoit à Chantilly. De sorte que chez lui le proverbe d’Equi senectus n’étoit pas trop véritable. C’étoit un grand tyran pour la chasse. Cependant il disoit qu’il falloit permettre à un gentilhomme de poursuivre le gibier qu’il auroit fait lever sur sa propre terre, et qu’en ce cas il laisseroit prendre un lièvre jusque dans sa salle.
En Languedoc il devint amoureux, étant déjà âgé,