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en a fait une espèce de satire qu’on appelle le Combat d’Ursine et de Perrette. On appeloit cette madame de Poyanne, madame de Poyanne de la Loupe. Elle avoit une grosse loupe au front. C’étoit une espèce de gendarme. Depuis elle se fit épouser, je ne sais comment, par le père de feu M. de Bouillon La Mark, et, qui pis est, quoiqu’elle fût pauvre, elle fit si bien que sa fille épousa le fils ; madame de La Boulaie est venue de ce mariage-là.

Mademoiselle du Tillet étoit une diseuse de vérités ; elle ne ressembloit pas mal en cela à madame Pilou[1], aussi bien qu’en laideur. Elle disoit du feu roi et de la Reine-mère, que c’étoit une vache qui avoit fait un veau. « La sotte couvée qu’elle nous a faite là, ajoutoit-elle, que le Roi et Monsieur ! »

Quand le cardinal de Richelieu fit courir les lettres d’amour de madame du Fargis à M. le comte de Cramail : « Que dites-vous de cela, mademoiselle ? dit-il à mademoiselle du Tillet. — Monsieur, répondit-elle, je suis vieille, je me souviens de loin ; je vous dirai que, durant le siége de Paris[2], tous les passages étoient bouchés, tout commerce étoit interdit, mais les lettres d’amour alloient et venoient toujours. »

Elle dit une plaisante chose à feu madame de Sour-

    temps d’Henri IV et de Louis XIII. Colletet avoit l’intention de consacrer un article à Sigogne dans ses Vies des poètes françois (manuscrit dépendant de la Bibliothèque particulière du roi) ; mais cette notice devoit trouver place dans la partie non terminée de cet ouvrage, et le nom de Sigogne n’y figure qu’à la table.

  1. Cette madame Pilou, bonne, spirituelle, alloit à la cour, quoique femme d’un procureur. On verra plus bas dans ces Mémoires des détails fort curieux sur cette femme singulière.
  2. En 1591.