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cette maladie dans une chaire ; sans doute c’étoit avec des parfums. Par son crédit, il se fit céder cette chaire par un autre qui l’avoit déjà retenue, et il écrivoit qu’il avoit gagné une chaire à Nantes où il n’y avoit pourtant point d’université. On l’appeloit chez M. de Bellegarde le Père Luxure[1].

Il a toujours été fort adonné aux femmes, et se vantoit en conversation de ses bonnes fortunes et des merveilles qu’il y avoit faites[2].

Il disoit qu’il se connoissoit en deux choses, en musique et en gants. Voyez le grand rapport qu’il y a de l’un à l’autre !

Dans ses Heures il avoit effacé des Litanies tous les noms des saints et des saintes, et disoit qu’il suffisoit de dire : « Omnes sancti et sanctæ, Deum orate pro nobis. »

Un soir, qu’il se retiroit après souper, de chez M. de Bellegarde avec son homme qui lui portoit le flambeau, il rencontra M. de Saint-Paul, homme de condition, parent de M. de Bellegarde, qui le vouloit entretenir de quelque nouvelle de peu d’importance. Il lui coupa court en lui disant : « Adieu, monsieur, adieu, vous me faites brûler pour cinq sols de flambeau, et ce que vous me dites ne vaut pas un carolus. »

Le feu archevêque de Rouen[3] l’avoit prié à dîner pour le mener après au sermon qu’il devoit faire en une église proche de chez lui. Aussitôt que Malherbe

  1. Omis par Racan.
  2. Cet alinéa et le suivant renferment également des détails que Racan ne donne pas.
  3. François de Harlay, auquel, en 1651, succéda son neveu, François Harlay de Champvallon, depuis archevêque de Paris.