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avec deux m, flamme, et le faisoit long en le prononçant, de sorte qu’il ne le pouvoit rimer qu’avec épigramme.

Il reprenoit Racan de rimer qu’ils ont eu avec vertu ou battu, parce, disoit-il, qu’on prononçoit à Paris les mots eu en deux syllabes.

Au commencement que Malherbe vint à la cour, qui fut en 1605, comme nous avons dit, il n’observoit pas encore de faire une pause au troisième vers des stances de six, comme il se peut voir dans celles qu’il fit pour le Roi allant en Limosin, où il y en a deux ou trois où le sens va jusqu’au quatrième vers, et aussi en cette stance du psaume Domine, Deus noster :

Sitôt que le besoin excite son désir,
Qu’est-ce qu’en ta largesse il ne trouve à choisir ?
Et par ton mandement, l’air, la mer et la terre
 N’entretiennent-ils pas
Une secrète loi de se faire la guerre,
À qui de plus de mets fournira ses repas[1] ?

Il demeura presque toujours en cette espèce de négligence durant la vie d’Henri IV, comme il se voit encore dans une des pièces qu’il fit pour lui, lorsqu’il étoit amoureux de madame la Princesse.

Que n’êtes-vous lassées,
Mes tristes pensées, etc.[2].

Mais à une autre pièce qu’il fit pour ce prince amou-

  1. Voyez dans les Poésies de Malherbe la paraphrase du psaume 8, pag. 60 de l’édition Barbou.
  2. Poésies de Malherbe, déjà citées, pag. 149.