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reux, il a observé de finir exactement le sens au troisième vers ; c’est :

Que d’épines, Amour, etc.[1].

Le premier qui s’aperçut que cette observation étoit nécessaire aux stances de six, ce fut Maynard, et c’est peut-être la raison pourquoi Malherbe l’estimoit l’homme de France qui faisoit mieux les vers. D’abord Racan, qui jouoit un peu du luth et aimoit la musique, se rendit, en faveur des musiciens qui ne pouvoient faire leur reprise aux stances de six, s’il n’y avoit un arrêt au troisième vers ; mais quand Malherbe et Maynard voulurent qu’aux stances de dix ou en fît encore un au septième vers, il s’y opposa, et ne l’a presque jamais observé. Sa raison étoit que ces stances ne se chantent presque jamais, et que, quand elles se chanteroient, on ne les chanteroit point en trois reprises ; c’est pourquoi il suffiroit d’en faire une au quatrième vers.

Malherbe vouloit que les élégies eussent un sens parfait de quatre vers en quatre vers, même de deux en deux, s’il se pouvoit ; à quoi jamais Racan ne s’est accordé.

Il ne vouloit pas que l’on nombrât en vers avec ces nombres vagues de cent et de mille, comme mille, ou cent tourments, et disoit assez plaisamment, quand il voyoit cent : « Peut-être n’y en avoit-il que quatre-vingt-dix et neuf. » Mais il disoit qu’il y avoit de la

  1. Poésies de Malherbe, déjà citées, pag. 143.