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taille d’Arques, le ministre Damours se mit à prier Dieu avec un zèle et une confiance la plus grande du monde : « Seigneur, les voilà, disoit-il, viens, montre-toi, ils sont déjà vaincus, Dieu les livre entre nos mains, etc. — Ne diriez-vous pas, dit le maréchal, que Dieu est tenu d’obéir à ces diables de ministres ? »

Il étoit assez humain pour ses gens. Son intendant Sarrau[1] le pressoit, il y avoit long-temps, de réformer son train, et lui apporta un jour une liste de ceux de ses domestiques qui lui étoient inutiles. « Voilà donc, lui dit-il, après l’avoir lue, ceux dont vous dites que je me puis bien passer, mais il faut savoir s’ils se passeront bien de moi. » Et il n’en chassa pas un[2].




LE MARÉCHAL DE ROQUELAURE[3].


C’étoit un simple gentilhomme gascon, qui fut cadet aux gardes avec feu M. d’Épernon. Il se donna à

  1. Père du conseiller qui a écrit. (T.) Claude Sarrau, conseiller au parlement de Rouen, a été en relation avec beaucoup de savants, et son fils Isaac a publié, en 1654, un choix de ses lettres.
  2. C’est sans doute parce que les détails de la malheureuse fin de Biron, décapité dans l’intérieur de la Bastille, à l’âge de quarante ans, le 31 juillet 1602, sont trop connus, que Tallemant ne les a pas donnés ici.
  3. Antoine, baron de Roquelaure, d’une ancienne famille de l’Armagnac, né vers 1543, mort à Lectoure, le 9 juin 1625, dans sa quatre-vingt-deuxième année.