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de n’être pas meilleur ménager que cela ; que cette chandelle étoit de trop, et qu’il ne s’étonnoit pas si on le ruinoit. C’est un grand tyran, et qui fait valoir son gouvernement de l’Ile de France autant que gouverneur puisse jamais faire. Quand il y envoie son train, il le fait vivre par étapes. Il a presque toutes les maltôtes et fait tous les prêts. Son fils, le marquis de Cœuvres, s’en acquittera aussi fort dignement.

Le maréchal a été marié en premières noces avec mademoiselle de Béthune, sœur du comte de Béthune et du comte de Charrost. Il en a eu trois garçons : le marquis de Cœuvres, le comte d’Estrées et l’évêque de Laon.

En secondes noces, il épousa la veuve de Lauzières, fils du maréchal de Thémines. Depuis, on l’appela le marquis de Thémines. Il en a eu un fils qui fut tué à Valenciennes en 1636. On l’appeloit le marquis d’Estrées. Bautru disoit qu’il n’y avoit pas au monde une seigneurie qui eût tant de seigneurs, car il y avoit un maréchal d’Estrées, un comte d’Estrées et un marquis d’Estrées.

Le maréchal, qui en toute autre chose est un homme avec lequel il n’y a point de quartier, est pourtant fort bon mari, a bien vécu avec sa première femme et vit bien avec sa seconde. Son fils aîné lui ressemble en cela, car il a supporté avec beaucoup d’affliction la mort de la sienne, quoiqu’elle ne fût point jolie ; c’étoit la fille de sa belle-mère.

Le maréchal d’Estrées a une bonne qualité, c’est qu’il ne s’étonne pas aisément. Il est assez ferme et voit assez clair dans les affaires. Quand Le Coudray-Genier, peut-être pour se faire de fête, s’avisa de donner avis