Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 1.djvu/268

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rens que lui ; mon père et mon grand-père étoient médecins, et par-delà je n’y vois goutte. Si je te trouve jamais céans, je te ferai étriller de sorte que tu ne t’aviseras de ta vie de faire des flatteries comme celle-là, pour qu’il t’en souvienne. »

Un homme lui avoit gagné trente pistoles ; il ne vouloit pas les lui payer. « Il m’a trompé, » disoit-il ; et il donne ordre à ses gens de le frotter s’il revenoit. Cet homme revint ; voilà ses gens après, et lui aussi ; mais il ne partit que long-temps après eux ; il trouve madame Pilou, qui avoit vu cet homme se sauver. « Eh bien ! lui dit-il, ma bonne amie, n’avez-vous pas vu comme je l’ai frotté ? » Il ne s’en étoit pas approché de cent pas. Une autre fois cet homme s’étant vanté de battre les gens du président, celui-ci l’attendoit, et, accompagné de son domestique, il se promenoit à grands pas avec des pistolets le long de sa porte de derrière. Madame Pilou, qui logeoit en son quartier, vient à paroître ; c’étoit l’été après souper ; il va à elle le pistolet à la main. « Jésus ! s’écria-t-elle ! — Ah ! ma bonne amie, lui dit-il, tu as bien fait de parler, je te prenois pour ce coquin. » En cet équipage, il l’accompagna jusque chez elle ; ils trouvèrent un charivari, il ne dit mot ; mais, quand le charivari fut passé, il les appela canailles. Et eux et lui se dirent bien des injures de loin.

J’ai ouï dire qu’un homme de la cour n’étant pas satisfait de lui, et s’en plaignant assez haut, il le tira à part et lui dit : « Monsieur, si vous n’êtes pas content, je vous satisferai seul à seul quand il vous plaira. » L’autre fut un peu surpris ; mais, à quelques jours de là, l’autre n’en ayant pu avoir plus de contentement