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Mme  DE RENIEZ.


Madame de Reniez étoit de la maison de Castelpers en Languedoc, sœur du baron de Panat, dont nous parlerons en suite. Avant que d’être mariée au baron de Reniez, elle étoit engagée d’inclination avec le vicomte de Paulin. Cette amourette dura après qu’elle fut mariée, et le baron de Panat étoit le confident de leurs amours. Ils en vinrent si avant qu’ils se firent une promesse de mariage réciproque. Ils se promettoient de s’épouser en cas de viduité ; « en foi de quoi, disoient-ils, nous avons consommé le mariage. » Un tailleur rendoit les lettres du galant et lui en apportoit réponse. Par l’entremise de cet homme, ces amants se virent plusieurs fois, tantôt dans le village de Reniez même, tantôt ailleurs, où le vicomte venoit toujours déguisé. Un jour ils se virent dans le château même de Reniez et presqu’aux yeux du mari. Madame de Reniez avoit feint d’être incommodée, et s’étoit fait ordonner le bain, et le vicomte se mit dans la cuve qu’on lui apporta. Enfin ils en firent tant que le mari sut toute l’histoire, et, pour les attraper, il fit semblant de partir pour un assez long voyage, puis, revenant sur ses pas, il entra dans la chambre de sa femme et trouva le vicomte couché avec elle. Il le tua de sa propre main, non sans quelque résistance, car il prit son épée ; mais