Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 2.djvu/209

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

renvoya à Malte, et à trois mois de là, la guerre étant déclarée, on le fit revenir. Il fut en tout deux ans à Rome chez son neveu. Le marquis Mathei prit cependant Castre[1] : ce fut par trahison. Le traître a eu le cou coupé depuis.

Il faut dire un mot de la valeur des Romains. Un cavalier, s’étant approché trop près, avoit été tué d’un coup de fauconneau. Ils disoient : Sto pazzo s’è fatto amazzare a la francese. Après cela, le duc de Parme, ayant passé avec ses dragons et de l’infanterie, à cheval jusques à Aquapendente, la frayeur fut si grande à Rome qu’on y faisoit des barricades. Alors le Pape déclara qu’il alloit faire venir le bailli de Valençay pour s’en servir, et le fit maestro di campo generale, c’est-à-dire maréchal de camp, sous le cardinal Antoine qui avoit la qualité de général, sans congédier pourtant Mathei et quelques autres qui commandoient séparément. Il n’y avoit encore que des milices ; on levoit quelques troupes. Il fait tant qu’il donne le courage au cardinal Antoine d’aller jusques à Ronciglione, et de là à Orviette, qui se vouloit rendre sans être attaqué, quoique le cardinal Spada fût dedans, et que la place, qui est sur un roc, soit presque imprenable. Là il donna quatre cents chevaux de troupes réglées au commandeur son neveu, et l’envoya devant à Montefiascone. Tout le reste suit. Comme ils y sont tous arrivés, un gros de cavalerie des leurs, qui avoit pris le plus long, vint à paroître ; voilà l’alarme bien forte. Le cardinal étoit très-fâché de s’être tant avancé. Le commandeur prend dix cavaliers, et va pour reconnoître ce gros. Le

  1. Castro.