Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 2.djvu/272

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son. Elle en parle au comte de Guiche, et celui-ci à M. le cardinal, qui, étant outré contre M. le comte de ce qu’il avoit méprisé madame de Combalet, étoit ravi de le décrier, et de faire voir qu’il faisoit des injustices. On envoie demander Croisilles de la part du Roi, et peu de temps après on le vit à Paris en liberté. On consulte son affaire ; on lui conseille de se retirer s’il se sent tant soit peu coupable, sinon, de se justifier. Il ne voulut croire que sa tête. Il intente un procès contre la mère de sa femme et contre Van-Brac. Le procès étant en état, il fallut se mettre en prison. On le juge : il est condamné à tenir prison perpétuelle dans un monastère. On l’eût condamné à être pendu, sans les pressantes sollicitations que mademoiselle Paulet fit faire. Croisilles en appela à Lyon devant le primat des Gaules. Cependant, comme il étoit prisonnier à l’officialité, le comte de Guiche, le marquis de Montausier, le marquis de Pisani, et Arnauld (Corbeville) résolurent de l’enlever, en faveur de mademoiselle Paulet ; mais, comme ils étoient sur le point de faire le coup, il vint une inspiration au comte de Guiche d’en parler auparavant à M. le cardinal. « Vous avez bien fait de m’en parler, répondit Son Éminence, car après cela je ne vous eusse jamais voulu voir ; j’entends que l’on fasse justice. » Je vous laisse à penser si le comte fut camus d’entendre cela. Il a dit cent fois depuis que quand il songeoit combien il avoit couru de fortune pour si peu de chose, il étoit encore tout éperdu. Le cardinal voyoit bien que M. le comte de Soissons ne manqueroit pas de se prévaloir d’une semblable violence. Je ne sais si les parties de Croisilles eurent le vent du dessein qu’on avoit fait ;