Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 2.djvu/360

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Il avoit un fils qui n’étoit qu’un fripon. Ce fils et un nommé La Fayolle se tuèrent tous deux en duel pour une nommée La Mauzelay, dont ils étoient amoureux. Le président, voyant cela, manda sa fille, qui étoit en Suisse avec son mari, qui y étoit ambassadeur, et il lui donna tout son bien, à condition que l’aîné de ses enfans s’appelleroit Jeannin. Ce bien n’étoit pas trop grand.

Ce bon homme a bâti et rebâti je ne sais combien de fois ses maisons ; cependant elles ne sont pas mal entendues pour le temps. Il y a un gros volume de ses négociations[1] ; c’étoit un grand personnage.

Il fit faire son tombeau dans la même église où est celui de son père, avec son inscription de tanneur ; ils sont l’un tout contre l’autre.

Il a bâti Chaillot ; il a témoigné de la légèreté en ses bâtimens, car il a fait faire et défaire bien des fois une même chose.

Il renvoya à la Reine-mère une assez grande somme qu’elle lui avoit envoyée, et lui manda « que durant la minorité de son fils elle ne pouvoit disposer de rien. »

  1. Les Négociations du président Jeannin ont été réimprimées avec de grandes améliorations et additions, dans la seconde série de la Collection des Mémoires relatifs à l’histoire de France, deuxième série, t. 11 et suiv.