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brevet de deux mille francs de pension sur tous les biens de M. de Longueville, sans obliger M. Chapelain à quoi que ce soit. Dans la maison il y avoit eu bien du bisbiglio ; le secrétaire disoit : « J’ai expédié un brevet de telle façon, mais le nom est en blanc : pour qui est-ce ? » Bois-Robert voulut en ce temps-là faire donner à Chapelain six cents livres de pension sur le sceau. Chapelain, qui se voyoit trois mille livres de pension, en comptant celle de mille livres du cardinal, mais qui n’étoit pas à vie, le pria, à ce qu’il dit, mais j’en doute, car il étoit furieusement avare, de la faire donner à Colletet ; ce qu’il fit.

Chapelain, par le moyen de ces messieurs Arnauld, se rendit bientôt familier à l’hôtel de Rambouillet, où ils l’avoient mené. Il fit la Couronne impériale, qui fut une des premières fleurs de la Guirlande de Julie ; ensuite il fit le Récit de la Lionne, qui n’est qu’une fiction ; il l’envoya à mademoiselle Paulet par un laquais de M. Godeau. On crut bien que M. Chapelain avoit envoyé ces stances ; mais on crut que M. Godeau les avoit faites à cause de la grande amitié qui étoit entre mademoiselle Paulet et lui. Il étoit alors à Dreux : on lui en écrit de toutes parts, il s’en défend. Mademoiselle Paulet fut ensuite à Mézières, où elle le rencontra. Elle le prend au collet, en lui disant : « Petit homme, vous avouerez tout-à-l’heure que c’est vous qui avez fait les vers de la Lionne ; » mais cela ne servit de rien. Assez long-temps après, comme M. Chapelain étoit avec mademoiselle de Rambouillet, ils viennent à parler de cela, et elle, lui pensant dire la chose du monde la plus éloignée de la vraisemblance : « C’est M. Godeau ou vous qui avez fait cette pièce. — Eh !