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tendu lire tous les chants de la Pucelle ; il avoit dit : « Qu’il falloit faire des vers comme M. Chapelain, ou comme le chevalier de Rivière[1], » qui n’en faisoit qu’en badinant ; cependant il n’en a jamais fait le moindre plaisir à M. Chapelain.

L’ode du prince de Conti, qu’il fit, dit-il, non par aucun intérêt, mais parce qu’il étoit pleinement persuadé du mérite de ce prince (voyez s’il ne mentoit pas bien, ou s’il ne se connoît pas bien en gens), ne lui produisit rien non plus. Ce n’est pas que le pauvre petit Principion ne lui ait donné des bénéfices ; mais pas un n’a réussi. Depuis le blocus (de Paris) tout cela est demeuré là.

M. Chapelain est un des plus grands cabaleurs du royaume ; il a toujours une douzaine de cours à faire. Il court après un petit bénéfice de cent francs ; il en a quelques-uns. Il falloit qu’outre ses pensions il eût de l’argent, car on voit, dans les Lettres de Balzac, qu’il lui a mandé qu’il avoit perdu huit cents écus sur les pistoles rognées, et je sais, pour en avoir vu le contrat, que madame de Rambouillet lui doit plus de seize cents livres de rentes présentement. Voyez quelle richesse a un homme comme lui ! Cependant, quelque maladie qu’il ait eue, bien loin d’avoir un carrosse, il n’a jamais eu assez de force sur lui pour faire la dépense d’une chaise, et on dit qu’il n’a rien donné aux enfants de sa sœur quand on les a mariés.

  1. Le chevalier de Rivière est l’auteur d’une multitude de vaudevilles et de couplets satiriques sur les personnages et sur les événements du règne de Louis XIV. Il eut le premier l’idée de réunir ces sortes de poésies dans des Recueils, demeurés manuscrits, qui sont encore recherchés aujourd’hui.