Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 2.djvu/429

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du reste, et un grand espion de sa pauvre belle-sœur.

Il a fallu que toutes les connoissances de Conrart aient été à sa maison, ou il a bien fait la lippe. Lui qui a affecté autrefois de traiter madame de Sablé, puis madame de Montausier et mademoiselle de Rambouillet, quoique cette dernière se moque de lui, n’a garde de ne les avoir pas traitées à Carisatis[1]. Sapho y passe une partie des vacations, et mademoiselle Conrart, avec sa figure de pain d’épice, a aussi un nom dans le roman ; cependant les clairvoyants sont persuadés qu’il n’aime point Pellisson, qu’il en est jaloux, et qu’il ne trouve nullement bon que Herminius[2] soit le confident de Sapho et l’Apollon du Samedi. Pour Chapelain, il n’est pas persuadé de Pellisson ; mais il le sera à cette heure que l’autre est bien avec le surintendant Fouquet. Le bruit court que Conrart l’incommode, mais il n’a point d’enfants ; sans doute la cabale lui a coûté, car il n’a pu refuser de l’argent à bien des gens, et il donnoit souvent à manger ; il se trouvera mal d’avoir ouvert sa porte à tant de monde. Montereul, surnommé le fou[3], de qui il croyoit faire un

  1. Nom de lieu dans le roman. (T.)
  2. Les personnes qui composoient la société de mademoiselle de Scudéry se donnoient des noms de roman. Herminius étoit celui sous lequel Pellisson étoit désigné. (Voyez une note sur la lettre de madame de Sévigné à M. de Pomponne, du 1er août 1667, édition de Blaise ; Paris, 1818, t. I, p. 118.)
  3. Celui de Mme  Burin, et qui est aujourd’hui à M. de Valence. (T.) — C’est Matthieu de Montereul, frère de l’académicien, auteur de quelques jolis madrigaux, celui duquel madame de Sévigné disoit qu’il étoit douze fois plus étourdi qu’un hanneton. (Lettre à Ménage, n° 25 de l’édition de 1818.)